
« J’avais hâte d’avoir un enfant, pour mon âge c’était tard. Ça m’a apporté beaucoup de bonheur d’avoir un enfant. Ça a changé beaucoup de choses dans ma vie, comme un cadeau du ciel. Quelquefois, j’entre dans leur chambre et je les regarde dormir, ils sont dans une position identique. C’est quelque chose ! »
– Hakim*, papa de jumeaux
Pour la fête des Pères, nous avons rencontré des papas issus de différents milieux: des Québécois et des pères d’une autre nationalité, des pères ayant pris un congé parental et d’autres travaillant à temps plein. Ces 8 papas ont un point en commun : celui de prendre une place prépondérante dans la vie de leurs enfants.
Nous avons été emballées par la richesse de nos discussions et la générosité de ces hommes qui choisissent de jouer un rôle central dans leur univers familial. Ce sont des modèles inspirants qui nous démontrent que paternité ne signifie pas simplement discipline et autorité.

Voici 4 constats qui sont ressortis de nos échanges :
- Devenir parent demande un investissement personnel incroyable !
C’est avec beaucoup d’humilité que les pères affirment qu’ils ont appris à devenir parents. Ça ne se fait pas nécessairement naturellement. Plusieurs n’avaient pas eu la chance de s’occuper de bébés ou d’enfants étant plus jeunes alors ils évaluaient mal l’ampleur de ce rôle. Avoir des enfants exige beaucoup de travail. C’est intense, mais c’est tellement enrichissant : tous en témoignent.
La plupart des pères rencontrés ont forgé eux-mêmes le modèle d’engagement parental qui correspondait à leurs attentes, leur propre père ayant eu un rôle plutôt traditionnel. Ils désiraient être plus présents, plus engagés que leurs pères l’ont été. Pour Philippe ça a été différent : son père a pris une année sabbatique pour s’occuper de ses enfants… en 1981! Un père définitivement avant-gardiste pour cette époque! Philippe est convaincu que cela a eu un effet très positif sur lui car il a senti un soutien indéfectible de ses deux parents, et ce modèle l’a inspiré.
D’ailleurs, les pères rencontrés qui ont pris un long congé parental ont reconnu qu’être deux parents à apprendre son nouveau rôle en même temps et qui s’y investissent de façon équitable donne de la légitimité à l’approche personnelle de chacun. Chaque parent développe de la confiance en ses capacités, découvre ses forces et il se crée un respect mutuel dans le couple.
La fille de Mathieu est née par césarienne et c’est lui qui a fait le peau à peau avec elle dès les premiers instants. Ça été un coup de foudre ! Un coup de foudre qui s’est métamorphosé en une complicité certaine pendant son congé parental. Et malgré tout, Mathieu n’hésite pas à nommer que la tâche est impressionnante, qu’il y a beaucoup à apprendre et que ce n’est pas forcément naturel.
- Vivre le moment présent et lâcher prise
Pour Philippe, c’était clair que ses priorités allaient changer avec l’arrivée de Sophie-Ann. Il avait la conviction qu’il ne fallait pas manquer les premiers moments avec ses enfants : qu’il fallait être présent dès le début. Et c’est en s’occupant de sa fille qu’il a découvert la force du lien d’attachement.
Didier, pour sa part, ne savait pas ce qu’allait être la paternité, bien qu’il se soit beaucoup occupé de ses frères et de ses sœurs étant plus jeune. Avoir la responsabilité d’un enfant, son enfant, change tout le point de vue selon lui. S’occuper d’un bébé, c’est aussi accepter de n’avoir aucun contrôle sur le rythme de la journée et de chérir les moments comme ils se présentent. Ça, les pères l’ont bien compris!
« C’est plus intense que je croyais. L’arrivée de Zac n’a pas changé mon quotidien, mais l’a modifié. Avant je pouvais faire les activités qui me plaisaient quand ça me plaisait. Maintenant, c’est quand je peux. »
– Yannick, papa de trois enfants

Embrasser le moment présent et lâcher prise permet de savourer pleinement la relation avec les enfants. Que ce soit jouer au parc, faire des sorties ou prendre le temps de discuter, les événements s’enchaînent à leur vitesse à eux. C’est d’ailleurs une prise de conscience que Louis a faite : « ça été un choc de devenir père à la maison ». Lui qui avait de la difficulté à vivre dans le moment présent, s’est vu obligé de changer sa perspective afin de répondre aux besoins de Maeva lorsqu’ils se présentaient. Cette prise de conscience lui a apporté un équilibre qui se reflète même dans son travail aujourd’hui. C’est effectivement tout un apprentissage que de se laisser aller avec le courant de la journée.

« L’espace-temps n’est plus le même. C’est quand tu suis leur temps à eux que ça devient agréable. Ça prend du lâcher-prise terrible. Plus tu en as, plus c’est agréable et enrichissant »
– Philippe

Laisser de côté les choses qu’on avait prévues si bébé a besoin d’autre chose cette journée-là demande beaucoup de flexibilité.
« Le quotidien, c’est Clarisse qui le dicte »
– Mathieu

- Avoir des enfants, c’est apprendre à bâtir des relations
Devenir parent, c’est apprendre à prendre soin d’un tout-petit. C’est découvrir avec fierté les apprentissages, même minimes, du quotidien. Bref, c’est bâtir une relation avec notre enfant et découvrir sa personnalité. Et c’est aussi adapter sa présence selon les besoins de son enfant. Des besoins qui évoluent selon l’âge, le tempérament et la personnalité de chacun.
« Je m’implique beaucoup, je suis comme un mentor. Les premières fois qu’il a marché à quatre pattes, j’étais là. Je sens que j’ai plus d’attention de sa part, je développe mon lien avec lui. Quand je lui parle, il vient me voir. »
– Daryl, papa de Aaron, 10 mois

Bâtir une relation avec un jeune bébé
Dans les premiers mois de vie, bâtir une relation tient davantage dans les soins donnés au bébé et dans la découverte de ce petit être. Pour les pères, cela se traduit d’abord par être une figure de confiance, quelqu’un qui peut aussi répondre aux besoins de bébé. Et pour ce faire, il faut deux choses :
- Du temps (beaucoup de temps)! Faire le choix intentionnel de s’occuper de bébé en toutes circonstances, se fier à son intuition, trouver des solutions propres à soi, et, humblement, faire des erreurs!
- De l’engagement! S’investir pleinement dans la relation avec son enfant, le regarder, lui parler, observer ses réactions, le cajoler.
« Le contact physique est très important : on joue à câlins-bisous dans le lit »
– Yannick
« Je suis très affectueux avec mes enfants. On joue dans le lit, les trois enfants se battent pour prendre la place à côté de moi ou sur moi, j’aime beaucoup mes enfants. Je joue avec eux. Un de mes enfants est plus attaché à moi. Il se lève le matin, il vient directement s’allonger à côté de moi. »
– Hakim*
Bâtir une relation avec des enfants plus vieux
Les pères d’enfants plus vieux ont adapté leur présence au fur et à mesure que les enfants grandissaient. Pour Ahmed* cela se traduit par des actions concrètes au quotidien : aller au parc, bouger, jouer, discuter de la journée, aider aux devoirs. C’est dans les activités qu’il discute et qu’il soigne sa relation avec ses cinq enfants.
« Être impliqué au quotidien apporte bonheur, joie, tranquillité, conscience tranquille d’avoir bien fait les choses. »
– Didier
Pour Yannick, qui travaille à temps plein, s’engager c’est passer du temps de qualité avec les enfants au moment où il revient à la maison. Il place le jeu avec ses enfants avant ses activités personnelles. Quant à Hakim* les moments les plus précieux sont dans le quotidien : il prend le déjeuner en famille, s’occupe de la routine du dodo en donnant le bain et en restant près des enfants pour parler, lire une histoire ou réciter l’alphabet avant qu’ils ne s’endorment.
- Détenir une place de choix dans la vie de son enfant : c’est une volonté profonde
La relation entre les enfants et le parent se bâtit lorsque le parent lui accorde du temps et de l’attention. Les pères ont manifesté, sans exception, qu’ils travaillaient quotidiennement à bâtir une relation de qualité, profonde et sécurisante avec leurs enfants. Louis, Mathieu et Yannick s’entendent pour dire que si les deux parents sont engagés dans la relation, l’enfant aura deux paires de bras aimants vers qui se tourner. Ils auront deux fois plus d’outils et de possibilités de se confier pour faire face aux défis qu’apporte la vie.
Pour Yannick, la communication a une valeur très importante dans la maison. Il souhaite que ses enfants puissent lui parler et c’est pour cela qu’il les écoute dès maintenant.
« Un enfant c’est très précieux, il ne nous appartient pas il n’appartient qu’à lui-même on doit le protéger, ne jamais l’abandonner. »
– Daryl
Notre équipe a pris part aux discussions avec un réel intérêt. Nous avons découvert des pères aimants, des pères ouverts qui parlent de leur relation avec leur enfant avec une aisance et un point de vue touchant. Avoir des enfants est une aventure extraordinaire et ces hommes ont décidé de prendre part à l’aventure et d’y tenir un grand rôle : leur rôle !
Merci aux papas qui ont pris part à la discussion!
Mathieu, papa de Clarisse
Louis, papa de Maeva
Philippe, papa de Sophie-Ann et Alexandre
Didier, papa de Briella et de bébé #2 en route.
Ahmed*nom fictif, père de cinq enfants
Daryl, papa de Aaron
Hakim*nom fictif, papa de trois enfants, dont des jumeaux
Yannick, papa de Zac, Mathis et Léo
Et un énorme merci à l’équipe (Karine, Jacinthe et Virginie), qui a su poser les yeux sur des détails qui ont apporté un éclairage particulièrement authentique aux discussions.
